L’homme n’était plus très jeune, mais il n’était pas encore vieux.
« Tu es un petit peu jeune, tu es un petit peu vieux » lui dit un jour un petit enfant.
L’homme ne se formalise pas.
« Dans ma tête, je suis vraiment jeune » dit-il, « c’est mon corps qui me parle de mon âge ».
Aujourd’hui, l’homme rêve plus souvent que dans sa jeunesse.
Il aime à dire :
« Je suis plus près du tombeau que du berceau » et de ne rêver qu’au lendemain en bénissant le jour vécu.
Attablé dans ce bistrot de quartier, il rêve au futur immédiat. Il a rendez-vous avec une dame qui l’a sollicité par téléphone :
« Je vous croise de temps en temps en ville et j’aimerais vous rencontrer. Vous ne me connaissez pas, mais deux âmes solitaires ont sûrement quelque chose à se dire » avait argumenté la dame à la voix douce.
L’homme rêve… Le temps passe… Midi, midi et quart, midi vingt-et-une.
- « Je suis désolée, monsieur, mon précédent rendez-vous m’a pris plus de temps que prévu »
- « Ah bon ! », dit l’homme de sa voix calme et courtoise.
Pendant tout le repas, la femme harcèle l’homme d’un discours publicitaire.
Pendant vingt-quatre minutes, l’homme avait fait un beau rêve. « C’est déjà ça de gagné ! »